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Du Cognac autour de Villebois-Lavalette ?

Crus de Cognac autour de Villebois-Lavalette

Villebois se situe à l’extrémité est des crus de Cognac. La commune elle-même bénéficie du cru « Fins Bois », suivi à l’est par les Bons Bois » jusqu’à Gurat, Blanzaguet, Combiers… Les meilleurs crus sont ceux situés sur les terrains calcaires. En grande Champagne, ces terres sont celles de la couche calcaire friable du Campanien, avec ses fossiles d’huitres, l’Ostrea Vesicularis, dont on trouve un exemple dans la falaise d’Aubeterre-sur-Dronne.

On trouve le Campanien dans le Cretacé supérieur, bande géologique traversant les Charentes (source Univ. Bordeaux)

Les terres de Bons Bois ne produisent plus qu’une dizaine de % de la production totale d’eau de vie, mais il faut savoir  que certaines terres blanches autour de Villebois appartiennent précisément à la même couche géologique que la grande Champagne, gage d’un excellent potentiel viticole. Malgré tout, seules quelques parcelles viticoles se trouvent autour de Villebois (Villebois, Gurat, Blanzaguet, Magnac-Lavalette), et une densité appréciable n’apparaît vraiment qu’à l’ouest de Chadurie.

Types de culture. En violet, la culture viticole (agrandir avec clic droit / ouvrir nouvel onglet).
Alambic Charentais (vers 1920)
Vignes autour du château de Villebois-Lavalette

La Quina 5, histoire d’une découverte

Docteur Henri-Martin: lorsque préhistorien n’était pas encore un métier

La préhistoire moderne fut d’abord souvent le fait de particuliers érudits, dont la situation matérielle leur permettait de se consacrer à une passion non lucrative, voire coûteuse, ou bien de fonctionnaires des nouvelles institutions culturelles. C’est ainsi qu’on trouve, parmi les préhistoriens d’importance à l’origine de la discipline moderne, l’abbé Breuil, ecclésiastique dégagé de sa charge, Gabriel de Mortillet, conservateur du musée d’archéologie de Saint germain en Laye, Edouard Lartet, rentier, John Lubbock, lord… D’autres ne purent consacrer à leur passion que leurs loisirs, et plus tard leur retraite; ce fut le cas de Gustave Chauvet, notaire à Edon, premier à étudier le site de la Quina, et du Docteur Henri-Martin, qui exerça tout au long de sa vie à Paris. A cette époque, les fouilles étaient affaires privées, et il était possible d’acquérir des sites importants comme le fit le Dr Henri-Martin. En France, la création de la Société d’anthropologie de Paris (1859) marque le début de l’institutionnalisation de l’enseignement de la discipline. Elle fut rattachée à l’École des hautes études en 1868. Le laboratoire du Peyrat y fut adjoint, alors qu’il était dirigé par Germaine Henri-Martin, fille du découvreur.

Le premier signalement du site est celui de Gustave Chauvet, en 1872,  suivi de fouilles en 1873. Il observera la présence de boules de pierre utilisées comme projectiles, les bolas. Le site fut signalé à nouveau en 1881, à l’occasion des travaux de la route longeant le Voultron. A cette occasion, des silex et des ossements furent donnés au musée de la société archéologique. G. Chauvet décrira en 1886 la présence de 4 couches sous les abris. Plusieurs explorations eurent lieu postérieurement, et des outils furent même présentés lors de l’exposition universelle de 1889.

Illustrations de G. Chauvet de pointes de la Quina (1896).

En 1905, Léon Henri-Martin, secrétaire de la société préhistorique française (qu’il présidera en 1910), visite le site de la Quina, dans le cadre du premier congrès préhistorique de France, à Périgueux, organisé par la société. Convaincu de son importance, il en fait l’acquisition cette même année, ainsi que du logis du Peyrat, où il installera son laboratoire.

L’exploration du site put alors être faite méthodiquement selon des tranchées dans le sens de la pente. L. Henri-Martin publiera systématiquement le résultat de ses découvertes dans des bulletins de sociétés savantes. Il s’attachera à décrire précisément les couches du site, ce qui sera facilité par sa méthode de fouilles, et sera aidé dans l’exploitation des fossiles humains par sa connaissance de l’anatomie.

Pointes de flèches décrites par L. Henri-Martin dans le bulletin de la société préhistorique de France (1906).

Coupe du site de la Quina par L. Henri-Martin (1907).

Premier congrès préhistorique de France à Périgueux (1905)

Le caractère exceptionnel du site ne fut réellement évident qu’à la découverte, le 18 septembre 1911, de fragments d’un squelette. La présence d’une tête de fémur permit de déterminer qu’il s’agissait de celui d’une femme. Le crâne fut présenté dans sa gangue une première fois en octobre 1911 à la société préhistorique française, puis une fois reconstitué en 1912 par L. Henri-Martin. Il ne fut pas, à l’époque, reconnu qu’il s’agissait d’une sépulture. Il s’agissait d’une femme de Néandertal, de l’époque dite du moustérien (45-60 000 ans avant notre ère). En 1915, succédant à la Quina 5, le crâne d’un enfant Néandertal, la Quina 18, fut découvert. Au total, ce sont les fossiles de 27 individus qui furent découverts sur ce site.

Photographie du fossile présenté en 1912 par L. Henri-Martin.
Congrès préhistorique de France, Angoulême 1912
Carte du Dr HenrI Martin peu après le VIIIe congrès préhistorique de 1912 à Angoulême
Superposition de 5 crânes de néandertaliens (L. Henri-Martin, 1912).
Sites ayant livré des spécimens de Néandertal.
Le logis du Peyrat et son laboratoire se trouvent à quelques centaines de mètres du gisement.
Lieu où vécut et mourut le Dr Henri-Martin

Bureau et instruments de laboratoire de L. Henri-Martin
De nombreuses plaques argentiques ont été laissées par L. Henri-Martin,
à partir desquelles des tirages ont pu être réalisés.
Reconstitution des couches du site de la Quina par L. Henri-Martin
Bolas et grattoirs du site de la Quina
Outils utilisés par L. Henri-Martin